Ouroboros Record – Chapitre 0 (Partie I)

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Chapitre 0 – La poursuite de la perpétuité 

 

— Si l’obscurité pouvait être décrite comme un manque de lumière, alors c’était certainement l’obscurité.

 

Un sentiment de chute suspendue.
Telle une boule de laine qui se déroulait, les éléments se démêlaient de la queue de laine.
Les souvenirs, le langage, les sens, les émotions.
Puis tout disparut. Qu’allait-il lui restait après ?

 

— Rien.

 

Conscient de ce fait pendant une fraction de seconde, il devint terrifié, horrifié et fut incapable de l’endurer.
Alors qu’il essayait de reconstruire son soi qui se dispersait, en essayant de retenir ses bouts, ils continuèrent à disparaitre.
Peu importe combien il luttait, il était incapable d’empêcher sa défaite.
Je vais disparaitre. Je vais mourir.

 

— Mensonges.

 

Il pensait dormir, mais ce n’était certainement pas une expérience aussi douce.
Se séparer de votre noyau comme si vous fondiez. Cette violence pouvait être comparée à une digestion dans l’estomac d’une bête.
La tranquillité n’existait pas. C’était comme un sentiment de malaise où vous perdiez toutes vos facultés.
Au bout d’un certain temps, vous ressentiriez du vide. Vous ne ressentiriez même plus rien. Vous deviendriez le vide lui-même.

 

— Je déteste ce sentiment.

 

Je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste, je le déteste !
Je déteste le fait de disparaitre !
Suis-je destiné à rester dans ce vide, dans ce monde où rien n’existe ?
Êtes-vous en train de me dire que j’ai vécu jusqu’à ce jour, pour accueillir une telle fin ?!

 

« … Ce serait, trop horrible. »

 

Je fus réveillé par mes propres murmures.
La vue de mon environnement entra dans mes yeux, la lumière scintillante de la lampe, la table en bois sur laquelle reposait une cage à rats, et un nombre incalculable de médicaments. C’était le laboratoire souterrain que j’avais l’habitude de voir.
Il semblerait que je me sois endormi pendant une expérience.
C’était un cauchemar. Un cauchemar que j’avais vu maintes fois déjà, et il semblerait que je l’avais vu aujourd’hui encore.
Peut-être que je l’avais vu tellement de fois maintenant, que je ne me réveillais même plus en sursaut. Cependant, ce sentiment de désolation était réel.
Me levant de ma chaise, je pus sentir la sensation collante de la sueur à travers mon corps malgré la basse température ici. C’était toujours la même chose après ce rêve.

 

—  Le rêve que j’eus avant de renaitre.

—  Ou le rêve que j’eus avant de mourir.

 

« Je n’avais pas vu ce rêve depuis un moment déjà…… Pourquoi le vois-je maintenant ? »

 

« Chi, chi, chi ! » En plein milieu de mon monologue, les rats piégés poussèrent des cris aigus. C’était presque comme s’ils se moquaient de moi.
……Ahh, c’est vrai. Je viens de connaitre la cause.
C’était parce que j’avais atteint les limites de mes recherches.
Une recherche que je devais absolument mener. Une recherche sur l’obtention de la jeunesse éternelle et de la longévité.

« …..Plus de temps aurait dû s’écouler. Et pourtant, seules 10 minutes sont passées. »

 

Je levai alors les mains vers la source de lumière. Leur petitesse ne pouvait être comparée à leur taille originelle.
Les doigts étaient petits, et les mains qui ne s’arrêtaient jamais de grandir, étaient sans aucun doute, celles d’un enfant.
Ma propre voix qui arrivait jusqu’à mes tympans était la voix d’un gamin qui n’avait pas encore mué.
Même les cheveux sur mes mains, après que je me sois gratté la tête, avaient une couleur rouge, un rouge cuivré. Ce n’était absolument pas la couleur noire habituelle.
Je vois.
C’était le moi après que je me sois réincarné après avoir connu la mort dans mon ancien monde.
Talese Shernan Oubeniel, qui venait d’avoir huit ans.

— Le Cycle de la Transmigration.

 

Peu importe sous quel angle je le voyais, c’était le phénomène qui s’était produit.
Après être mort, je fus réincarné avec mes souvenirs et ma personnalité intacte.
Pourquoi avais-je été réincarné ? A cette question, je n’avais qu’un intérêt sans fin, mais pour le moment, la raison était obscure. Ou tout au moins, il n’y avait pas de telles personnes dans mon entourage et même si une telle personne existait, ce n’était que des mythes et des contes de fée qui ne pouvaient être différenciés de la fiction.
A quel genre de vie j’avais dû renoncer dans ma vie précédente n’était pas quelque chose que je devais rendre public, je pensais.
Tout comme ma vie actuelle, j’étais un homme et j’étais né au 21ème Siècle du Japon. Je suis mort jeune sans connaitre la vie adulte. Si c’est tout ce dont je me rappelle, je me demande si c’est particulièrement problématique.
De toute manière, ce qui est important, c’est que je suis mort et que je me suis réincarné avec mes souvenirs intacts.
……Oui, j’avais toujours des souvenirs de ma mort.
Etait-ce quelque chose que mon cerveau m’avait montré, ou était-ce une vision après que mon âme se soit séparée de ma chair ? Je fus forcé de goûter à cette sensation de vide, un goût qui ne pouvait qu’être qualifié de révoltant.
Que s’était-il passé après cela, et quel genre de bonne fortune j’avais eu ? D’une manière ou d’une autre, on m’avait donné une seconde vie.
Cependant, dès lors que je rêvais de ce moment, je devenais fou. Non, peut-être que je l’avais toujours été.
Après tout, j’étais toujours emprisonné par cette crainte de la mort.
……Les humains doivent tous mourir un jour. Cette vérité avait toujours été une providence inflexible de ce monde. Même si je m’étais réincarné de cette façon, un jour je deviendrais vieux et je tomberais malade, ou peut-être qu’un désastre s’abattrait sur moi   —— sous des circonstances plus brutales, peut-être que je serais tué, mais de toute manière, toutes les conclusions amenaient à ma mort.
Je ne veux pas.
La raison de ma réincarnation était encore obscure. Voulant donc dire que j’avais aucune garantie de me réincarner encore une fois si je mourais encore.
J’avais le sentiment que je n’y reviendrais pas cette fois. Ce sentiment de dispersion après la mort. Ce sentiment et le sentiment que ma bonne étoile ne me sourirait pas une seconde fois, c’étaient des raisons amplement suffisantes pour me convaincre.
C’était pourquoi, avant même que je n’atteigne l’âge de dix ans, j’avais commencé cette recherche.
Eh ? Quel genre de recherche ?

 

« J’ai répété cette expérience encore et encore, il ne devrait plus y avoir d’échec mais…… »

 

Je jetai un rat hors de la cage.
Les pattes avants du rat manquaient d’un côté. Je les avais coupées pour le bien de l’expérience.
Se rappelant probablement de sa patte manquante dans son petit cerveau, le rat se débattit sans arrêt. Je ne luis prêtai aucune attention, et appliquai une quantité appropriée d’【Ingrédients】sur sa patte manquante.
Puis, je chantai une 【Incantation.】

 

« << Alchemise >> »

 

De fine particule scintillante se rassemblèrent sur les ingrédients et alors que les particules scintillaient de plus en plus, la lumière qui convergeait vers un seul endroit commença à prendre une forme différente.
C’était la patte avant du rat. La partie que j’avais volontairement coupée commença à se régénérer. Par mes propres mains, la régénération se compléta.

 

— Alchimie.

 

Une forme de magie qui transformait des matériaux en d’autres matériaux de valeur différente comme par exemple transmuter du fer ou du plomb en de l’or.
Dans des cas plus extrêmes, on pouvait aussi l’appeler de la magie qui extrayait les âmes humaines pour les conduire dans des existences supérieures.
C’était ce que je, Talese Shernan Oubeniel, étudiais. Une étude avant d’étudier la possibilité d’échapper à la mort.
……J’avais peut-être oublié de mentionner ce fait, mais dans le monde dans lequel je m’étais réincarné, des choses comme la magie existaient.

 

— —

 

 

Le Royaume d’Alcael, la capitale Royale de Brolsenul.
Ce n’était pas le genre de nom qu’un japonais lambda, né au début du 21ème Siècle, pouvait entendre.
En vérité, avant que je sois transporté dans ce monde, je ne connaissais pas ce nom non plus.
C’était une ville-forteresse protégée par des murs en pierre construits en forme de cercle autour de la circonférence extérieure de la ville. La ville était divisée en deux sections séparées approximativement par la Rivière Amon qui coulait et circulait du nord-est au sud-ouest. D’un point de vue aérien, le paysage de la ville devait ressembler à ce qu’ils appelaient en Orient ‘un cercle Yin et Yang.’

Le manoir de la famille Oubeniel, dans lequel je résidais, était aussi dans cette ville.

 

« Talese. Tu t’amuses toujours avec ce passe-temps vulgaire ? »

 

A la tête d’une longue table qui pouvait facilement accueillir dix personnes par rangée, la voix d’un homme d’âge mûr rugit. C’était mon père.
Il portait une robe de nuit large. En regardant à l’intérieur de ses vêtements faits sur mesure, on pouvait voir… ahem, un arc de cercle bien courbé. C’était un ventre très impressionnant. Son teint était bon et son physique n’était pas non plus mauvais, mais ce serait tout de même mieux s’il faisait un peu d’exercices pour renforcer son corps.

 

« S’il vous plait, arrêtez de dire de telles choses, père. »

 

Je m’attendais à ce qu’il continue à me faire la morale alors je détournai les yeux distraitement. Le décor de la salle à manger du manoir empiéta mon champ de vision.
Avec le lever du jour, l’extravagant lustre ornemental brilla après que des rayons de soleil le frappèrent à travers la fenêtre. Il faisait à peu près cette taille-là. J’imaginai par inadvertance que si la lampe était allumée, la nuit serait aussi brillante que midi. Mon père, qui était actuellement le chef de la famille, était assis et derrière lui, se trouvait une peinture accrochée sur le mur. La peinture était peinte d’un style énigmatique et illustrait une scène d’il y avait deux cents ans, la scène du fondateur de la famille nominé par le Roi de l’époque pour ses exploits sur le champ de bataille.
Que ce soit le tapis luisant reposant sur le sol ou le vase qui semblait coûteux placé près d’un mur, les couleurs vives brillaient partout et me blessaient les yeux. Pour moi, qui avais encore besoin de couper complètement la connexion avec ma vie précédente de roturier, je n’arrivais pas à m’y faire à ce design intérieur excessivement pompeux.
C’était presque comme un palais pour la royauté ou les aristocrates titrés mais …

 

« Quelque chose d’aussi insignifiant que l’alchimie, comment veux-tu que je l’appelle autrement ? Il n’est pas bon pour un enfant de la Famille du Comte Oubeniel de se salir les mains sur une activité aussi grossière. »

 

Dit sèchement père.
C’est vrai, la famille dans laquelle je suis née dans cette vie est en quelque sorte aristocratique.
De plus, c’était même une position élevée comparée aux autres, au niveau de Comte.
La Famille du Comte Oubeniel s’était établie il y avait deux cents ans mais en comparaison avec le pays qui portait une histoire de cinq cents ans, c’était une famille relativement nouvelle. Dans tous les cas, le fondateur de la famille était le descendant d’une puissante famille aristocratique en grande partie éteinte mais, en se distinguant par ses services pendant la guerre avec un pays voisin, il fut retourné à la pairie de Comte par le Roi d’antan. Honnêtement, il y avait des doutes jusqu’à quel point l’histoire était vraie. Pour une personne de position sociale aussi basse de s’élever autant en rang, la personne en question aurait très bien pu obtenir un pedigree familial ancestral après l’avoir acheté. Après tout, de tels événements se s’étaient déjà produits dans mon ancien monde. Tokugawa Ieyasu en fut un exemple remarquable. Je me souvenais avoir lu quelque part dans certains livres qu’il y avait une théorie sur son identité, il serait en fait un imposteur ayant acheté le nom d’Ieyasu.
Bien, je ne m’étendrai pas sur ce sujet de lignée familiale.
Être né dans la Famille Oubeniel était pour moi, extrêmement chanceux. C’était parce que dans ce monde, comme on pouvait le voir, les aristocrates détenaient des pouvoirs considérables ; une société hiérarchique féodale. Si j’étais né enfant d’un paysan ou d’une classe sociale similaire, je n’aurais pas été capable d’affronter le futur du tout. Sans parler d’étudier l’immortalité, rien que d’essayer de maintenir un rythme de vie quotidien aurait été dur. Être né dans l’abondance était, en parallèle avec ma réincarnation, un don des Cieux.
Vivre dans la capitale était aussi ma fortune. Père ne faisait pas de zèle quant à la gestion du territoire, et il laissait la gestion principalement à ses vassaux tout en donnant tout ce qu’il avait pour vivre une vie confortable dans la capitale. Grâce à cela, au lieu de vivre dans un endroit inconvénient tel que la campagne, je pouvais vivre sans tracas dans la ville avec des infrastructures toutes construites.
Le seul bémol à ce style de vie était le problème pressant des objections de père avec ma recherche en alchimie.

 

« Soit. Oh Talese, si tu as autant de talent, hmm, pourquoi n’arrêtes-tu pas de te reposer sur ces talents de bas-étages pour devenir un magicien comme tout le monde ? De cette manière, même en tant que second fils, tu seras capable de devenir un magicien impérial et te frayer un chemin vers la renommée. Ne penses-tu pas que l’alchimie est une occupation vulgaire ? C’est aussi bon qu’un marchand ambulant douteux vendant de la drogue. »

 

« Oui…… »

 

Je donnai la réponse par défaut que j’avais toujours donnée en répondant à ses remarques incessantes.
Tout comme il l’avait si bien dit, la place de l’alchimie dans ce monde était injustement basse. La raison étant que la magie remplaçait souvent l’alchimie dans ce monde, et la magie possédait un rôle prépondérant dans la vie de chacun. Bien sûr, il était possible d’invoquer du feu ou des éclairs à partir de bâtons. En général, les blessures et les maladies pouvaient être traitées si on envoyait une requête aux prêtres des Eglises. Même si vous aviez des médicaments faits à partir du pilonnage dans un mortier ou des armes induites de magies, la plupart des magiciens compétents dans leur domaine de magie pouvait remplacer ces objets facilement.
De la perspective d’une personne moderne telle que moi, c’était une théorie qui ferait rire n’importe qui. Les remplacer ? Ne serait-ce pas génial ? Être capable de remplacer tous les objets facilement, ne pourraient-ils pas produire ces objets en masse ? Bien que ceci étant, la flexibilité d’une telle méthode était discutable, puisque la magie était un talent inné limité à de rares utilisateurs.
Pour la plupart des personnes, leur réponse à ceux prenant l’alchimie comme travail était que la magie suffisait bien à vivre.
……De quoi parlent-ils ? Le coût descendrait si les objets étaient produits en masse et en considérant la porte d’entrée à la magie si étroite, le nombre de personnes capables de recevoir les bénédictions de la magie seraient aussi peu nombreux. De plus, la magie de régénération utilisée comme traitement médical était oligopolisée (1) par les membres de l’Eglise et donc, peu importe combien de temps s’écoulait, les coûts médicaux restaient obstinément élevés. Pour les paysans qui n’avaient pas d’argent, même si une épidémie se déclarait, ils ne pouvaient que mourir dans la souffrance. C’était la raison pour laquelle la croissance démographique était lente et que les frontières n’arrivaient pas à se développer. Malgré que ce scénario se soit répété plusieurs fois, il n’y avait toujours aucun signe de changement.
Eh bien, tout ceci venait de ma logique en tant que Japonais venant d’un monde de science avancé, de philosophie et d’économie. Si la majorité des habitants de ce monde – Le Continent d’Itousera – vivait de façon prospère, ils ne s’embêteraient pas changer ce statut quo.
C’était un obstacle à mes recherches, cependant.
Les yeux meurtriers de mon père continuèrent à apparaitre sévères, m’attaquant sur ce qu’il appelait une affaire vulgaire.

 

  • (TL Note : L’oligarchie est une forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante.)

 

« Ne pensez-vous pas que vous êtes dur à le gronder sur une chose aussi mineure, père ? »

 

Coupant le discours de père avec un ton calme et élégant, se tenait un jeune homme qui regardait le déroulement des événements en silence. Il avait des cheveux luxuriants, d’un or doux et possédait des yeux bleus. Les traits faciaux sur son visage mince étaient minces et bien arrangés, et son expression lui donnait une carrure d’homme poli et bien élevé.
Lynes Strein Oubeniel. Mon grand frère né sept ans avant moi.

 

« Talese est un enfant intelligent. Qu’il ait tant d’enthousiasme à s’aventurer sur ce chemin, ne serait-ce pas mieux pour vous de le soutenir jusqu’à une certaine mesure ? »

 

« Ohh ! Comme attendu de mon grand frère, si compréhensif ! »

 

Criai-je avec exultation.
Il était différent de père qui négligeait constamment son territoire. Si on devait parler de père, il prétendait toujours qu’il était occupé avec les relations sociales mais en réalité, il ne faisait que se vivre dans l’opulence dans la capitale. Ce n’était pas qu’une ou deux fois que j’avais entendu des invités aux fêtes nocturnes parjurer le mode de vie extravagant de père. Opposé à père, mon frère Lynes était un élève studieux. La seule extravagance pour ainsi dire, c’était son intérêt pour les thés. Autrement, il était une personne qui vivait sa vie inaffectée par le monde extérieur et était sincère, avec de la fortitude et de la vigueur. Tout ce que je pouvais penser, c’était que si père venait à mourir un jour ou l’autre, alors la situation actuelle serait bien mieux que maintenant s’il héritait de la famille. C’était mon opinion de mon frère. Il m’avait toujours aidé.
Néanmoins, père semblait en pleine crise de nerf, il but à grand bruit sa soupe et grogna avec mécontentement.

 

« Tu as décidé de prendre un ton insolent, huh, Lynes. »

 

Un déplaisir encore plus grand qu’à son habitude fit surface dans ses yeux.

 

« N’est-ce pas parce que ça t’arrangerait bien qu’il soit un héritier indigne. »

 

Remarqua-t-il. Pourquoi essayait-il toujours de blâmer mon frère ?

 

« Père…… »

 

Mon frère ravala sa salive.
Il était vrai que s’il y avait des conflits entre nos relations de frères concernant l’héritage, il serait commode pour lui que son rival se concentre sur un passe-temps minable. Cependant, cette affaire m’arrangeait aussi. Si Grand frère était un successeur compétent, je serais libre de me consacrer à mes propres recherches après tout.

 

« Si quelqu’un aussi splendide que Grand Frère est considéré comme indigne, alors les attentes de père doivent être trop élevées », intervins-je d’un ton étonné, « Si vous désirez tellement un successeur compétent, pourquoi ne pas aller trouver une seconde femme ? »

 

« Oy, Talese. »

 

Les yeux de père s’ouvrirent grandement affichant une expression de vexation extrême. Il était actuellement un veuf. La femme qui était à la fois la mère de mon frère et de moi-même mourut peu après m’avoir donné naissance. On m’avait dit que son départ avait grandement affligé père.
Bien que les cheveux blancs de père commençassent à se remarquer, il était toujours dans la fleur de l’âge. Une deuxième femme ne serait pas hors de question pour lui, il avait déjà deux fils, il y avait peu de chance qu’il en veuille un troisième. Bien qu’il soit une blague en tant que Comte, sa situation financière n’était pas mauvaise. Je ne serais pas surpris s’il y avait une ou deux femmes qui guettait une opportunité de gagner de l’argent et d’avoir un statut social en se mariant dans la Famille d’un Comte.

 

Il dit avec une expression ronchonne.

 

« ……Si tu arrêtais de toucher à l’alchimie, que dirais-tu que je satisfasse ton souhait ? »

 

Que dit cette personne ?

 

« Veuillez arrêter. En dépit du fait qu’il n’y ait pas de carence claire sur la conduite de mon frère, l’ordre du cadet et de l’aîné a été mélangé – Cette dispute insignifiante doit en être la cause. Je vous demande pardon, père. »

 

Quelque chose comme éliminer le fils aîné qui trouvait son cadet mignon était un Death Flag très célèbre dans les annales des Trois Royaumes. Au sein des grands camps que Cao Cao avait détruits, il y avait la Famille Yuan et la Famille Liu de la Province de Jing qui illustraient parfaitement cet exemple. C’était aussi la même chose à l’époque où Liu Bei et Sun Quan dominaient le Royaume. Il n’y avait aucune raison pour la Famille Oubeniel de suivre ce chemin elle aussi. Après tout, l’un des plus fondamentaux des principes fondamentaux dans le Royaume Alcael, c’était que le fils aîné devait succéder à la famille.

 

J’articulai mes pensées très clairement, mais père qui ignorait calmement mon avertissement devait être un imbécile fini.

 

« Il est courant dans ce monde pour les parents de favoriser les enfants compétents nés plus tard. Cependant, il serait irrationnel de traiter notre famille comme un jeu de pouvoir. En premier lieu, peu important comment je, en tant que petit frère, le vois, grand frère est un successeur digne de ce nom, n’est-ce pas ? »

 

J’envoyai un regard demandant confirmation et le visage de mon frère se raidit soudainement.

 

« A-ahh… T’entendre prononcer ces mots, je suis très heureux, Talese. »

 

Puis il soupira tout en marmonnant.

 

« ……Vraiment, tu n’es qu’un enfant, et pourtant je te vois agir aussi impertinemment, je me demande comment tu as pu grandir de cette façon eh. »

 

Je peux t’entendre, grand frère. Tu devais avoir l’intention de le dire doucement, je pense.
Père pensait probablement que je devais être un prodige qui avait déjà surpassé grand frère vu ma façon adulte de parler.
Ce comportement provenait tout simplement de ce dont je me rappelais avant que je ne me réincarne. Pour faire court, une arnaque, aussi connu sous le nom de triche. Mais je devais dire que, mon grand frère de quinze ans était vraiment un enfant excellent qui se dévouait à ses études pour pouvoir devenir le successeur. Comparé à moi quand j’avais quinze ans dans ma vie passée, il était certainement plus éminent.
Ceci étant, je n’avais pas l’intention de faire semblant d’être un enfant maintenant. Je m’étais déjà résigné à mon destin quand je n’étais alors qu’un nouveau-né, je ne pouvais m’empêcher de me mouiller de haut en bas et je devais aussi sucer le lait de ma mère qui me nourrissait. Ce genre de jeu, en tant qu’humain n’ayant pas de telles inclinaisons, était un véritable calvaire et agonie. Je dus endurer ces humiliations pendant plus d’un an. Après avoir eu un corps pouvant marchant de lui-même, ayant la mentalité d’un adulte, c’était humain pour moi de vouloir agir en tant qu’adulte.
Bien que vu sous un autre angle, ne pas avoir de patience et ne pas faire profil bas était une action très enfantine.
« Ahem », père s’éclaircit la gorge.

 

« Eh bien, laissons de côté ce sujet. Tu as déjà huit ans. Tu n’as tout de même pas l’intention de passer tes années à t’amuser ? »

 

Venant de la part de l’aristocrate qui ne pensait qu’à s’amuser tous les jours, c’était très ironique. Mais je ferais avec pour l’instant et je hochai la tête. L’autorité du chef de famille était absolue. C’était une des règles de l’aristocratie.

 

« Tu as à peu près l’âge d’un enfant qui devrait commencer à apprendre comment utiliser les gens. De ce fait, tu partiras pour le marché aux esclaves demain dans l’après-midi pour en avoir un. »

 

« Un esclave ? »

 

Je pouvais dire avec conviction que mon visage à ce moment-là devait être très sinistre.
Des esclaves. Ils étaient au plus bas de la hiérarchie dans la société. Ce monde était indifférent quant au concept des Droits Humains de la société moderne. Et ainsi, il existait des esclaves. Tant qu’il y avait des travaux physiques avec des environnements dangereux tels que des mines, les esclaves étaient ceux à qui on faisait appel pour la tâche.
De plus, parmi les aristocrates et les classes moyennes les plus riches, certains achetaient des esclaves pour s’occuper des tâches ménagères. Il allait de soi que les esclaves faisaient tous et n’importe quoi pour tout le monde. Quand il s’agissait du futur rang ou de la future richesse de quelqu’un cependant, c’était essentiel d’avoir un vassal pour servir le maître, en fonction du statut social de la famille.
Dans le cas de la Famille Oubeniel, puisque sa pairie était celle d’un Comte, un statut compatible référait aux roturiers. Quant aux aides personnelles du Roi et des vassaux participant aux affaires gouvernementales, un vassal secondaire (pensez-y comme un vassal servant un vassal) des classes les plus basses de l’aristocratie les servirait. Pour une Famille de Comte, les tâches ingrates et physiques étaient attribuées à un esclave qui les servaient chez eux… Ou alors pour être le sujet d’un enfant qui ne s’était pas encore habitué à utiliser les autres. En commençant par les esclaves, puis vers les roturiers et finalement les familles aristocrates inférieures, tout dans l’ordre.
Certainement, c’était approprié pour un enfant de huit ans de commencer à ordonner les autres, et pourtant je n’avais que de mauvaises prémonitions à ce sujet.
Je demandai timidement.

 

« Hmm, ça ne me dérange pas mais…… Quel serait le budget estimé ? »

 

« Tes craintes sont infondées. Je vais te donner une avance sur l’argent de poche du mois prochain. »

 

Je le savais ! Je levai les yeux au ciel instinctivement.
Les fonds pour mes recherches venaient naturellement de l’argent de poche que je recevais de mon père. Bien que ce ne soit que l’argent de poche d’un enfant, c’était l’argent de poche des deux seuls fils du Comte, et cet argent circulait librement. C’était un budget bien au-delà des moyens d’un enfant normal de huit ans.
Cependant, utiliser la portion d’argent de poche du mois prochain pour acheter un esclave, qu’adviendrait-il de mes recherches ? Sans ressources suffisantes, n’aurais-je pas des problèmes pour gérer les dépenses pour mes recherches du mois prochain ? Ce n’était pas comme si les matériaux et les équipements des expériences étaient gratuits, rien que de mener des expériences diminuait mes entrées d’argent.
Il y avait aussi le problème d’entretien de l’esclave. Même si on le nourrissait avec des restes de repas pour économiser les dépenses, il devait tout de même s’habiller. En tant que vassal du fils d’un Comte, il était important pour l’esclave d’avoir une tenue correcte. De plus, si l’esclave venait à se blesser ou à tomber malade, ils y avaient aussi les coûts de traitement.
Pour toutes ces dépenses, est-ce que père les couvrirait ? Non, il ne diviserait surement pas son argent pour une chose aussi insignifiante. Puisque l’argent de poche mensuel n’était que presqu’adéquat, trouver un moyen de réduire cet argent signifierait la fin de mes recherches. Si je me mettais à me plaindre au sujet de mes recherches, je n’arriverais qu’à ramener père au sujet de la discussion précédente.
Père sourit avec une expression de ‘je t’ai eu.’

 

« Une belle occasion. Elle te permettra de t’aérer l’esprit, et de revenir sur le droit chemin du fils d’un aristocrate. »

 

En d’autres mots, c’était un ordre pour signifier l’arrêt de mes recherches, ce n’était que formulé autrement.
Arrêtez de blaguer. Le seul cas où j’abandonnerais mes recherches, c’était quand je serais mourant et que ma vie arriverait à son terme. Ce n’était qu’à ce moment-là que je l’accepterais. Malgré avoir été béni par tant de chance et avoir été réincarné dans ce monde, il n’y avait pas moyen pour moi d’accepter de retourner dans ce monde de vide et de néant sans avoir vécu au moins cent ans !
Je dois trouver un moyen de m’en sortir d’une façon ou d’une autre   —

……

Non, attendez ?
Avoir un esclave signifierait que j’aurais quelqu’un à mes côtés pour accomplir mes moindres désirs. Par exemple, avoir quelqu’un pour m’assister en cas de problème, oh mais bien sûr.
Alors…… lui demander de m’aider en tant qu’assistant alchimiste ne serait pas problématique, n’est-ce pas ?
Je devais le dire, c’était une notion intéressante.
De toute façon, j’avais l’impression de stagner dans mes recherches récemment. Peu importe combien de connaissance je possédais, il semblerait que j’arrive aux limites de ce qu’une personne seule pouvait faire. De plus, avec une augmentation de la main d’œuvre, l’éventail de possibilité s’étalerait. Tout du moins, si l’esclave était à la même fréquence que moi, le nombre de cerveau passerait d’un à deux et d’un calcul simple, un doublement de la main d’œuvre.
Bien entendu, si c’était un esclave, il ne devrait pas avoir beaucoup de connaissance, et je devrais consacrer du temps pour l’entrainer en alchimie mais, si je pouvais le rendre compétent en alchimie, les rendements seraient plus élevés.
Maintenant que j’y pense, ce n’était pas un mauvais échange. Tout sauf un arrêt du vent quand un bateau devait traverser une rivière.

 

« En effet, comme père l’a mentionné — c’est peut-être une opportunité en or. »

 

Je dissimulai les émotions sur mon visage, et essayai de paraitre aussi effondré que possible tout en répondant.
C’était tout autant pour dissimuler mon mépris que ma joie, je ne voulais pas qu’ils pensent qu’il s’agissait d’une bonne idée pour moi-même.
Cela devrait suffire. C’était un achat qui me coûterait mon budget du mois prochain. Je me devais d’au moins choisir l’esclave le plus compétent possible !
A ma réponse, père ne s’embêta pas à cacher sa satisfaction, tandis que mon frère me dévisagea d’une expression bizarre, sentant que quelque chose de louche se tramait.

 

 

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