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Chapitre 01 – Ma première demoiselle (Partie I)
Je ramenai ma première esclave et future assistante – Numéro 1- Chan (temporaire) au manoir, et comme je m’y attendais, un petit tapage eut lieu.
Père était visiblement bouleversé tandis que mon frère semblait avoir vu un monstre. Les autres servants chahutaient. Pour résumer, c’était terrible. Bien que, c’était une réaction que j’avais prévue.
En écoutant d’une oreille les morales de père et quoique ce soit d’autre qu’il eut dit, je retournai au laboratoire situé sous le manoir. Je laissai Numéro 1-chan dormir sur le lit que j’utilisais la plupart du temps pour dormir. Elle respirait encore. Mais je n’avais aucun moyen de savoir si son cœur s’arrêterait de battre plus tard.
En tant qu’alchimiste autodidacte et en tant que personne réincarnée du Japon moderne, j’avais quelques connaissances en sciences médicales. Bien que ce soient des connaissances superficielles, un notice tel que moi devrait tout de même pouvoir en ressortir une chose ou deux après un examen médical. Il semblerait que la violence infligée à Numéro 1 -chan soit plus horrible et vicieuse que je l’avais imaginée.
Il y avait des marques d’hésitations et de difformités écrites sur tout son corps. Mention spéciale pour les os sur son visage qui apparaissaient avoir été brisés sans restreinte tandis que la magie du soin était appliquée. Ce genre de prolongement de vie n’était pas l’œuvre d’une bonté démesurée. C’était quelque chose de plus insidieux et hideux.
Tout simplement, les os cassés furent recousus intentionnellement en une structure difforme, afin d’empêcher son visage de guérir et reprendre sa forme originale. Pour aggraver son cas, sa misère fut étendue à la peau du visage. La peau fut mordue et déchirée, à un tel point que du pus en giclait ici et là. Avec ce genre de traitement, même si sa vie était épargnée, le restant de sa vie serait ruiné. Il y avait probablement peu de prêtres capables de la guérir. Et même si on arrivait à en trouver un, les coûts médicaux, aussi connus sous le nom « d’aumônes », seraient astronomiques. Voulant dire que, étant un esclave sans relation avec l’argent, elle ne serait pas capable de guérir pour le restant de sa vie.
Peu importe sous quel angle on voyait les choses, ces atrocités n’auraient pas dû être infligées à une fille aussi jeune, dont l’âge n’était encore que de l’ordre du chiffre. En fait, même pour un adulte elles n’auraient été acceptables.
Le seul objectif étant de détruire son apparence, je ne pus m’empêcher de penser qu’il s’agissait d’une autre femme, qui devait posséder une profonde jalousie ou une haine obsessionnelle envers elle. C’était semblable à ce que l’Impératrice Chinoise Lu Zhi ou Wu Zetian (TL Note : Explication en fin de chapitre) ferait aux amants de leur mari.
« L’a-t-on vendue en tant qu’esclave pour cet unique but ? »
Etait-ce qu’on appelait ‘La Femme Vipère’, une anecdote notoire pour sa cruauté ? Une histoire dans le genre ? Après en avoir faite une esclave, le dénominateur irréductible de la société, elle fut même ridiculisée plus loin en la défigurant tellement que personne ne s’intéresserait à elle en tant qu’esclave. Un complot inhumain.
(TL Note : Lu Zhi appelait Dame Qi, la Femme Vipère parce qu’elle avait séduit son mari, pour ceux qui veulent plus d’information, il y a une biographie résumée juste en bas. Ici, la Femme Vipère fait surement référence à Numéro 1-chan)
Mais bon, toute cette histoire ne me concernait pas. Je l’avais achetée, pas l’inverse. Je n’avais été en aucun cas embauché en tant qu’avocat. Je n’étais pas intéressé pour le moins du monde de m’entêter avec quelqu’un capable d’infliger de telles souffrances à une jeune fille.
Ce que j’allais faire d’elle était un autre sujet de conversation.
—— Chi, chi, chi, grincèrent les rats piégés dans la cage.
Ah, oui, il était temps de les nourrir. Regardant les rats, je leur jetai quelques graines de tournesols. Les rats dans la cage ramassèrent ce que je leur jetai avec ‘les deux mains’ et grignotèrent.
Anesthésie corporelle générale.
Médicament coagulant.
Ablation des zones de suppuration.
Réalignement des structures squelettiques déformées.
Greffe de muscles artificiels et de peaux artificielles sur le visage.
Etcetera, etcetera……
J’essayai beaucoup de procédures. C’était la première fois que j’expérimentais sur un être humain en chair et en os, alors je fis de mon mieux. C’était parce que je n’avais jamais fait que de petites ‘farces enfantines’ sur les domestiques……
Il allait sans dire que peu importe combien de connaissances je possédais en tant que réincarnateur, je n’étais qu’un amateur en alchimie et ce n’était pas comme si j’avais étudié en tant que docteur auparavant. Il y avait plusieurs exemples d’erreurs médicales pendant mes premières opérations. Plusieurs façons d’échouer, par exemple en coupant ce qui n’était pas supposé être coupé ou faire des erreurs en oubliant de réapprovisionner la poche d’anesthésie. C’était particulièrement difficile d’enlever les peaux mortes sur son visage pour nettoyer le pus tout en gardant l’anesthésie sous contrôle. J’avais peur que Numéro 1-chan ne tremble sous la douleur et ne se réveille. Si elle se réveillais, j’aimerais bien qu’elle se contente de crier. C’était important de continuer la chirurgie sans qu’elle se réveille, puisque la douleur pouvait mener à sa mort par choc cérébral.
Je réussis à éviter toutes les erreurs graves et je finis le traitement général. Enfin, on aurait presque pu appeler le traitement de la magie. Les compétences que j’avais étaient des plus basiques, des techniques que n’importe qui aurait pu apprendre avec un niveau de maîtrise zéro. Cependant les dégâts infligés à ses vaisseaux sanguins pouvaient toujours être réparés par de la magie de soin et autres objets de guérison que j’avais préparés. Puisque j’avais libre accès à tous ces objets, je pus boucher le trou creusé par mon inexpérience. La fantaisie était vraiment géniale. Si la magie était aussi pratique, je ne pense pas que quiconque songerait à faire avancer la science, huh.
Je fus tout particulièrement étonné par la magie d’analyse qui me permit de déchiffrer la composition et la structure d’un matériau, c’était vraiment incroyable. Grâce à cela, je fus capable de déterminer que le visage de Numéro 1-chan avait été intentionnellement défiguré avec des intentions malicieuses et je pus aussi avoir une idée de son apparence originale. Non, c’était plutôt dû aux fruits de mon travail. Comprendre la structure des matériaux faisait partie de choses fondamentales de l’alchimie.
……Cependant, en dépit de la salle nauséabonde remplie de sang, j’étais totalement calme et pourtant, pourquoi est-ce que ma tête semblait si étourdie ?
J’aurais pu conclure que c’était la fatigue de l’opération, mais le moi de l’autre monde n’aurait jamais pensé insérer des objets incisifs dans le corps des autres. J’avais déjà répété cette expérience maintes fois mais je n’étais pas un docteur, en fait, je détestais les piqûres. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je pointerais un couteau vers quelqu’un même pendant une bagarre ou quoi que ce soit.
Je fus capable d’opérer cette esclave si naturellement, je ne pouvais qu’avoir accepté les expérimentations humaines, c’était la seule explication plausible.
Oui, je n’avais peut-être vécu dans ce monde que moins de dix ans, mais mon esprit avait longtemps déjà été pollué par les nobles de ce monde. Si vous n’étiez pas un noble, alors vous n’étiez pas humain. Une logique de ce genre. Les humains avaient tendance à donner des ordres à d’autres, et ces autres allouaient davantage ces tâches aux bas échelons de la hiérarchie. Une telle attitude modelée selon une théorie de la psychologie pourrait faire un bon film dans mon ancien monde. Mais n’était-ce pas exactement ce qui se passait dans ce monde ?
Ou peut-être, que les origines de ma personnalité étaient juste corrompues.
Eh bien, j’étais déjà mort une fois. Mon point de vue sur la vie et sur les humains avait dû plus ou moins changer. C’était inévitable.
Je digresse.
Comme je l’avais dit, le traitement de Numéro 1-chan (temporaire) était pour l’instant un succès. Son visage qui avait été défiguré par mauvaise intention, retourna à son ancien état de beauté. Les portions déchirées furent aussi fixées.
Il n’y avait aucun signe d’infection, puisque l’endroit dans lequel elle était enfermé était bien maintenu et désinfecté.
Malgré tout, je n’avais réparé que son aspect extérieur, il restait maintenant l’aspect mental tout entier.
Je ne connaissais pas ses circonstances exactes, mais elle devait être la fille d’une personne à statut élevé, et je suppose qu’un jour elle fut attaquée par une bête et fut réduite à l’état d’un exutoire pour les désirs charnels, de plus, son apparence fut ruinée complètement. Et n’oublions pas que son âge ne dépassait pas les dix ans. Aucune chance qu’elle ne garde aucune séquelle de cet événement. Ou plutôt, si elle n’était pas traumatisée, alors quelque chose clocherait en elle.
Et la preuve étant qu’elle était maintenant capable de parler sans aucune difficulté et pourtant, je n’entendais aucun son qui puisse paraître cohérent. Et ce, même son nom. Grâce à cela, je ne pouvais que continuer à l’appeler Numéro 1-chan (temporaire) pour l’instant. Err, bien entendu je ne prononçais pas le mot ‘(temporaire).’
Comme je le disais, cet aspect dépassait mon champ d’expertise. Eh ? Vous me demandez pourquoi je ne peux pas faire de la psychiatrie en tant que personne venant du monde moderne ? Vous devez rire. Je n’étais que rarement sorti de chez moi depuis ma réincarnation. Si vous vouliez être gentil, vous pourriez m’appeler ‘personne d’intérieur’, mais dans le langage courant, on m’appellerait un asocial. En tant qu’asocial, il n’y avait aucune chance pour que je puisse faire de la psychiatrie. Je n’avais qu’une connaissance infime sur le domaine de la psychologie dans ma vie antérieure – lu sur internet entièrement. Mon niveau de connaissance ne pouvait être considéré que d’un niveau banal. Rien que l’analyse des rêves de Freud et ses théories sur le développement psychosexuel était assez pour m’occuper. Même pour le traitement médical sur son corps, je ne m’étais reposé que sur la magie, et sur ce que je me rappelais de mes cours de biologie en tant qu’étudiant. Espérer au-delà, serait troublant pour moi.
Juste pour confirmer encore une fois, il y avait une possibilité pour Numéro 1-chan (temporaire) de se pétrifier si je la traitais de la même façon que les autres, cruellement et de façon arrogante. Quand je l’avais ramené, je n’avais aucune idée que sa vie ne reposait que sur une faible lueur de bougie. Après l’avoir ramené, je lui avais prescrit quelques médicaments dont je ne connaissais pas les effets, et j’avais modifié son corps pendant qu’elle était inconsciente. Tout ceci n’était rien de plus qu’un pari. C’était la même chose pour mon ancien monde. Même dans un climat de science médicale avancée, avant une intervention majeure, les patients devaient faire confiance et confier leur corps au chirurgien. Même dans une salle d’attente chez le dentiste, beaucoup de personnes avaient des visages semblables à ceux de prisonniers attendant leur exécution. Tout particulièrement les enfants. De plus, je n’étais qu’un gosse de huit ans sans licence. Même si, en premier lieu, il n’existait pas de licence à proprement parler dans ce monde. C’était pourquoi, la méfiance et la peur des docteurs étaient parfaitement légitimes. Si j’étais le patient, j’agirais définitivement de cette façon.
C’était une nuisance. Tout ce que je voulais c’était de l’avoir en tant qu’assistante après l’avoir guérie. Avoir de l’animosité et de la méfiance envers moi empêchait toute éducation.
Certainement, la magie pour forcer les esclaves à travailler s’activerait par défaut pour que je puisse forcer mon chemin au bulldozer, mais il allait sans dire qu’il serait mieux si la personne pouvait collaborer de son plein gré à cette entreprise.
Je priai pour que sa méfiance envers moi ne s’évapore au plus vite.
Quelques jours plus tard. Dans le même vieux laboratoire.
« Yo, Numéro 1-chan (temporaire). Aujourd’hui est finalement le jour où les bandages peuvent être retirés ! »
« …… ? »
C’était gênant pour moi de l’avoir dit avec une telle énergie pour recevoir une réponse silencieuse de la part de Numéro 1-chan (temporaire). Elle leva la tête qui était couverte de bandages.
Au final, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions réussi à établir aucune conversation. J’avais essayé de communiquer avec elle plusieurs fois mais Numéro 1-chan (temporaire) garda toujours le silence. Il n’y avait aucun défaut sur ses cordes vocales et sa langue mordue probablement pendant qu’elle se faisait battre avait aussi été guérie. Malgré tout, elle ne laissa même pas échapper un cri d’agonie. C’était comme si elle avait rejeté tout le monde.
Hmm, ce serait cool si c’était possible de lui faire ouvrir un peu son cœur avec cette opportunité. Il fallait dire que si j’étais à sa place et qu’on m’avait traité sans mon consentement, je n’aurais aucune confiance en cette personne non plus.
Alors que je laissais libre cours à mes pensées, je la fis s’asseoir sur une chaise et la tournai vers un miroir de taille humaine accroché sur le mur. Elle ne m’offrit aucune résistance, telle une marionnette. Je me sentis un peu comme un esthéticien. Concernant ses cheveux, plutôt qu’appeler son état une coupe de cheveux, c’était plus comme tondre de l’herbe. Ses cheveux m’auraient gêné durant la chirurgie. Et ce n’était pas comme si ses cheveux ne repousseraient pas.
« Bon et bien, je les retire. Ne bouge pas, d’accord ? »
En coupant les nœuds avec une paire de ciseaux, je déroulai lentement les bandages à partir de la partie découpée. Il y avait de vagues sons de tissus se décrochant de la peau mais rien de bien inquiétant telle la vision d’une substance adhésive collée à la peau. L’enlèvement des bandages se passa sans encombre.
Bientôt, ses traits faciaux apparurent. Son visage était acceptable dans mes yeux. Une ligne lisse et naturelle dessinait ses contours. Sa peau était riche avec une vitalité typique de la jeunesse. Ses traits faciaux étaient encore ceux d’une fille immature mais aucune déformation ne pouvait être observée.
Pour quiconque, pourriez-vous imaginer un tel visage, imaginer qu’une apparence si ravagée pouvait renaître ainsi ?
Sans défaut.
Un succès sans faille.
« ——Magnifique. »
Des frissons parcoururent soudainement ma colonne vertébrale. Le sentiment de succès que j’éprouvai à cet instant dépassa tout, même en considérant toutes les autres expériences de ma vie passée. Vraiment formidable. J’avais, avec mes propres mains, réussis à utiliser une technique si délicate pour accomplir cet exploit. Et que ce soi-disant industrie d’alchimie, pouvait produire un tel miracle.
« …… »
Je me demandai si elle avait réagi sur mes mots. Elle leva les yeux lentement.
Elle ouvrit largement ses magnifiques et grands yeux verts et fixa la personne dans le miroir.
« …… ?! »
La physionomie de son visage ainsi que la réflexion sur le miroir prirent une expression d’étonnement. Surprise, confusion, et probablement plaisir. Sa peau blanche, ses yeux rougissants et larmoyants élucidaient une émotion qui ne la rendait en aucun cas moins jolie.
« Alors, Numéro 1-chan (temporaire) ! C’est une belle œuvre d’art n’est-ce pas ? Pour parler honnêtement, moi-même je n’aurais jamais imaginé que le résultat serait celui-ci ! »
« Sniff…… sniff…… »
Malgré mes félicitations, Numéro 1-chan (temporaire) commença à sangloter de façon incontrôlable. Comparé à deux secondes, lors de son changement d’expression, c’était comme si le changement s’était produit sans pause entre les deux. Les muscles sur son visage gouvernant les émotions semblaient fonctionner normalement.
« Me-merci beau-beaucoup…… ! »
Je pus l’entendre prononcer ces mots d’une voix étouffée. En y repensant, c’était la première fois que je l’entendais prononcer des mots. Pour me remercier aussi franchement, même si j’avais modifié son corps à ma guise jusqu’à aujourd’hui. Vraiment, une enfant si bien élevée. Je suppose que ses parents l’avaient très bien éduquée.
« Mais non, je devrais être celui qui te remercie ! Tu as enduré pas mal d’événement pour en arriver là ! C’était une très précieuse expérience ! »
Pris par les émotions, je l’embrassai et elle répondit à mon étreinte avec ses minuscules mains.
Des larmes et du mucus salirent mes habits mais je ne pouvais pas y prêter moins d’attention. Comparé à ce pus ensanglanté que j’avais extrait durant la misérable opération, ce n’était rien.
A l’intérieur du sous-sol faiblement éclairé, les jeunes-nous nous immergeâmes dans la joie du succès initial.
« Talese…… Qui est cette enfant ? »
Je l’amenai hors du sous-sol et père la vit. Il était clairement surpris. Naturellement, je bombai ma poitrine sans le moindre soupçon de culpabilité et répondis.
« Que dites-vous, père. Elle est mon esclave. »
« Hah…… ? »
Malheureusement ma réponse ne fit que plonger père dans une plus grande confusion. Il cligna des yeux rapidement.
« …… Tu en as acheté un deuxième ? »
« Vous vous trompez. Avant, son apparence était dans un état si tragique à cause des blessures qu’elle ne pouvait pas vous montrer son vrai visage. Mais maintenant je l’ai guérie. Et par conséquent, je vous l’ai amenée. Allons, vas saluer mon père. »
« ……Ravie de vous rencontrer, je m’appelle … Yuni. »
L’ancien Numéro 1-chan (temporaire) tint fermement mes manches tout en s’inclinant maladroitement vers mon père. Comment son nom avait fini par devenir Yuni, c’était bien entendu parce qu’il serait désastreux pour les autres de savoir que son nom était Numéro 1-chan (temporaire), c’était probablement le nom auquel elle avait pensé en urgence. J’avais la vague impression que sa signification était ‘un seul objet.’ En changeant son nom à quelque chose en rapport avec un, parce que son nom était Numéro 1, je n’avais pas l’impression que son nom avait beaucoup changé.
Par ailleurs, je ne connaissais pas son vrai nom. J’avais bien essayé de lui demander ce qui s’était passé avant que je ne l’achète, mais la réponse que j’obtins fut défavorable. Je ne pouvais savoir si elle se refusait à répondre ou si elle était incapable de répondre. Ce que j’avais guéri n’était que son apparence extérieure. Son intérieur devait être dans un état de désordre même maintenant, j’imagine. J’étais intéressé par son histoire personnelle, mais bon, elle pourrait me le dire plus tard quand elle se calmerait.
« Hah ? »
Père ouvrit grand la bouche.
Il devait penser qu’il était inconcevable pour une personne à moitié morte avec un visage tout gonflé, en une courte période de temps, de recouvrir un tel état de beauté. Ça devait être cela. Mon seul pari était qu’elle survivrait et j’avais prédit qu’elle garderait quelques séquelles même si elle ne mourait pas. Cependant, elle renversa ce verdict et exposa un visage sans la moindre imperfection au monde.
Ce genre de traitement avait été réalisé par un gosse de même pas dix ans. Être dans l’incrédulité était parfaitement normal. Je pense que je rirais avec mépris si j’entendais une telle histoire de la bouche de quelqu’un d’autre.
Père prit environ une bonne minute pour digérer la situation mais il montra tout de même de l’hésitation et bégaya.
« Ou-oui…… Un ex-excellent travail, Talese. Avoir complètement guéri un esclave aussi défectueux…… Ton talent me laisse dans l’émerveillement ! »
« Non, non, c’est le résultat de sa propre volonté de vivre. Je n’aurais jamais pensé qu’elle guérirait à un tel niveau. »
« Ah …. Ahahahah……. Un excès d’humilité peut sonner comme du sarcasme, le sais-tu ? »
D’une façon ou d’une autre, le fait qu’il loue mon talent devait signifier que l’intégrité de sa tête avait saisi le cours des événements.
« Ahem », père toussa et continua, « Cependant, j’espère que tu n’as pas oublié ce qu’on avait l’intention de faire au début ? Je t’ai fait acheter un esclave pour que tu puisses dompter tes vassaux. Même si tes entraînements à la guérison se sont bien passés, je ne te permettrai pas de négliger ton devoir principal.
« Oui, certainement. »
Il allait de soi. Depuis le début, j’avais choisi Yuni sur la base de ses pouvoirs magiques. A partir de maintenant, cette enfant deviendrait mon loyal serviteur, ainsi qu’une aide prometteuse. Pour cela, je devais l’éduquer complètement.
« A ce sujet, père. J’ai l’intention de lui enseigner la base de l’étiquette pour l’instant. Est-il possible d’avoir l’aide des servantes libres de notre manoir ? »
Pour commencer, nous travaillerions sur le superficiel. Il y avait un dicton qui disait : Le visage suit mais l’estomac s’y oppose. Séparer le visage de l’estomac serait aussi inattendu que difficile. Ne parlons pas de Yuni qui ne semblait pas être une réincarnatrice comme moi. Elle était 100% une habitante de ce monde. Si tel était le cas, alors si je la laissais vivre une vie obéissante sous le joug des autres, une fois qu’elle deviendrait une adulte, elle posséderait probablement une personnalité soumise.
Sans savoir que je possédais des pensées aussi insolentes, père hocha la tête et sembla être ennuyé.
« Fais comme tu le sens. Je peux bien permettre ce genre d’activité. »
La conversation se termina rapidement et il quitta rapidement le salon.
« Très bien, j’ai obtenu la permission de père. Je t’entrainerai durement à partir d’aujourd’hui, d’accord ? »
« Oui, Maître. »
Yuni parla d’une voix monotone dénuée d’émotions. Je me demandai si c’était parce que la gratitude de départ s’était évanouie, mais elle obéissait maintenant loyalement à mes ordres. Cependant, il n’y avait pas moyen que je sois satisfait avec aussi peu. Les humains etaient des êtres vivants qui grandissaient indépendamment. Nous étions peut-être liés par le contrat de maitre à esclave ainsi que par sa gratitude mais il n’y avait aucune preuve que cette relation continuerait éternellement.
Tout d’abord, sa magie seule possédait une qualité substantielle. Etant mon aide personnelle, elle aurait à accumuler des informations sur l’alchimie et la magie, et si tel était le cas, il serait possible pour elle d’annuler la magie d’obéissance d’elle-même. Afin de maintenir cette relation de maître à esclave, il était nécessaire de lui enseigner strictement la bonne manière de se comporter et l’étiquette, et à travers des apprentissages répétitifs, lui insuffler la fidélité. A l’avenir, j’avais des projets de lavage de cerveau — aussi connu sous le nom de restructuration de cerveau.
C’était peut-être une action lâche. Mais j’étais un humain réincarné. Un humain qui avait déjà connu la mort. Je me devais de rejeter la mort une seconde fois. C’était pourquoi je voulais une existence qui suive mes ordres et soit mes bras et mes jambes, quelqu’un qui ne me trahirait jamais.
Autant que possible, j’affichai un visage aimable et lui adressai un large sourire.
Une semaine plus tard, Yuni commença son entrainement, elle devint capable de se comporter un minimum comme une servante. Comme prévu, avant de finir délabrée et vendue au marché aux esclaves, elle devait surement avoir un statut social équivalent à celui d’un aristocrate. Elle était capable d’exécuter les mouvements de base de la courtoisie comme les ABCs et sa vitesse d’apprentissage n’était pas mal non plus.
Dès qu’elle eut un peu de temps libre, ce fut le moment de l’entrainer à devenir mon assistant et mon garde du corps.
Ce que nous fîmes au début fut de renforcer ses muscles.
« Hey, hey, tes jambes se sont arrêtées ! On se bouge, on se bouge ! Une, deux ! Une, deux ! »
« Ou-oui ! Maitre. »
Les beaux jours, j’amenais des gardes du corps hors de la périphérie de la ville et laissais Yuni courir. Avant de devenir une esclave, elle devait être la fille respectée de quelqu’un, et après être devenue une esclave, elle passa sa vie dans un laboratoire sous-terrain. Après avoir vécu ce genre de vie, elle ne pouvait même pas courir pendant 5 minutes avant de s’essouffler. Il fallait aussi dire que ce n’était pas un terrain d’exercice ou un parc comme dans mon ancien monde, c’était un terrain sauvage couvert d’herbes sauvages avec de petites pierres par ci par là. Même en supposant qu’elle était endurante, ce serait tout de même difficile, je pense.
« Jeune maître…… Qu’est-ce … Quel est l’intérêt d’un tel exercice ? »
Un servant me demanda perplexe. C’était le même servant qui m’avait accompagné pour acheter Yuni. Cette fois encore, il était venu en tant que garde du corps et de cocher.
« Ne peux-tu pas comprendre en regardant ? J’endurcis sa force physique. Je me dois de la sortir quelques fois pour la laisser s’exercer. »
Peu importe ce qu’on faisait, le facteur le plus important était la force physique. Dans un monde de fantaisie où la magie circulait librement, ce fut la première chose que j’appris. La magie offensive ou la magie de soin et même pour transmuter des substances avec l’alchimie, etcetera etcetera, chaque magie nécessitait de consommer le pouvoir magique de l’utilisateur. En cet aspect, la magie ressemblait grandement aux principes de certains jeux. Cependant, elle différait en un point. Une fois que la magie était complètement épuisée, elle aurait un effet sur le corps. Dans la plupart des cas, les symptômes variaient de l’épuisement et des palpitations, de l’étourdissement et de la confusion d’esprit feraient surface. Pour le dire franchement, épuiser toute la puissance magique rendait l’utilisateur très fatigué.
Quand je m’avais essayé pour la première fois la magie, je n’avais pas une très bonne jauge de mes limites et je dus m’évanouir plusieurs fois. Il y avait cette fois, par exemple, quand j’étais en train de mélanger de puissants médicaments quand ma conscience me faillit. Je faillis provoquer un incendie dans le sous-sol.
Et ainsi, depuis lors, je trouvai une contre-mesure. Pour endurer la fatigue aiguë de l’épuisement des pouvoirs magiques, on devait entrainer le physique du corps autant que possible. C’était un concept simple, mais efficace.
Ce n’était qu’au state de l’hypothèse mais je pense que c’était une hypothèse qui avait une grande probabilité d’exactitude. La preuve étant que la plupart des gens qui s’évanouissait d’épuisement magique étaient des enfants ou des personnes âgées avec de pauvres constitutions physiques. Les exemples étaient trop restreints mais les preuves pointaient fortement vers les personnes à faible constitution. Cependant ce n’était qu’une méthodologie. La plupart des magiciens dévouaient leurs ressources pour obtenir de meilleurs pouvoirs magiques ou de nouvelles compétences, et pour les alchimistes par exemple, ils étaient la plupart du temps concentrés sur l’expérimentation et la création d’équipement magique. Il n’y avait aucun temps dédié au renforcement de la capacité physique. Le professeur particulier qui m’enseignait la magie — qui n’était plus revenu depuis un an — ressemblait à un barbare.
Il y avait tout de même une raison à cet entrainement. Le temps coulait infiniment, mais la vie des humains avait leur limite. C’était parfaitement rationnel de vouloir maximiser le temps sur les priorités de chacun, et délaisser les autres affaires. Augmenter la puissance magique signifiait aussi bien évidemment une plus faible chance d’épuisement magique.
Cependant, je n’avais pas l’intention de faire de Yuni une artillerie fixe, juste pour chanter de la magie. Aller s’aventurer dans des endroits dangereux pour collecter les matériaux requis en tant que mon assistante tout en assurant son rôle de garde du corps puisque j’étais un non-combattant. Elle avait besoin d’entretenir ses réflexes et se forger une endurance pendant qu’elle n’était encore qu’une enfant.
« Je n’aurais jamais imaginé que cette jeune fille soit aussi énergétique. Cette jeune demoiselle n’a pas encore eu le temps de récupérer de ses blessures, n’est-ce pas ? »
« Comme je l’ai dit, elle a besoin de gagner de l’endurance rapidement. Seulement de cette façon je pourrai la guider vers la bonne direction. «
Au moins, elle devait être capable de bouger aux alentours du manoir sans aucun problème. C’était pourquoi je devais l’entrainer rapidement. En cette période, depuis que je l’avais acheté, j’étais à court d’argent et les recherches durent se suspendre temporaire. Pour le bien de Yuni et pendant que j’avais du temps à perdre, c’était une conclusion évidente d’améliorer ses capacités basiques pour l’instant.
De plus, parmi les chirurgies performées sur elle, il y avait la greffe de peau artificielle. J’adorerais obtenir des données sur sa longue exposition à la lumière du soleil. De plus je pourrais la faire ramasser des plantes médicinales à proximité ou je pourrais penser à comment contrer les monstres qui apparaissaient à proximité de la civilisation — vous m’avez entendu, oui, les monstres existent. Il y avait fort longtemps, un Seigneur Démon existait — et finalement, je pourrais aussi étudier les matériaux bruts obtenus sur le terrain. Trois pierres d’un coup.
« Ne t’en fais pas. Je n’ai pas l’intention de détruire ce talent si rare devant mes yeux. »
Je haussai les épaules et parlai. Je pointai en direction des chaussures que j’avais achetées pour que Yuni puisse marcher dans les champs et des chaussettes portées à l’intérieur qui pouvaient prévenir les cloques. J’avais même préparé de l’eau pour être sûr qu’elle s’hydrate pleinement quand elle en aurait besoin. Si elle tombait ou se faisait mordre par des insectes venimeux, je la soignerais.
« Je peux difficilement comprendre ce que le jeune maître pense…… »
Le servant se gratta la tête avec une expression bizarre. Ce n’était pas la façon de parler à la famille de son employeur, mais je ne fis pas attention. C’était la réaction normale pour un adulte. Je ne l’entrainais que par nécessité, sinon je ne m’embêterais pas non plus. Je ne sonnais peut-être pas très convaincant, mais je n’avais pas pour passe-temps de harceler des filles. C’était juste que plus je regardais la figure de Yuni à distance, essayant de son mieux pour être à la hauteur de mes espérances, plus une profonde émotion surgissait de ma poitrine.
« Une, de… eux, de…… ah, hah…… »
Bientôt le servant et moi-même devînmes silencieux et les seuls sons qui résonnèrent dans la plaine furent les cris et l’essoufflement de Yuni.
…… Au final, Yuni s’épuisa complètement au bout de trente minutes. Elle ne pouvait même plus monter sur la calèche sans ma main pour la soutenir. Pour le premier jour, elle avait très bien travaillé. Je pense que je lui donnerai une drogue miracle qui lui rendra de l’énergie plus tard.
Un mois passa.
« Yuni. Aujourd’hui, tu devras retenir la liste des ingrédients pour une drogue simple. Compris ? »
« Oui, Maitre. »
Plutôt que d’être loin d’une adulte, elle semblait en pleine période de croissance. Comparée à il y avait quelques temps, elle s’était physiquement beaucoup améliorée grâce à l’entrainement quotidien. Je ne pense pas qu’elle abandonnerait s’il s’agissait juste de moudre des herbes médicinales avec un pilon.
En utilisant les herbes trouvées sur les plaines aux périphéries de la ville (quand elle travaillait là-bas) en tant qu’ingrédients, le plus bas rang de potion pouvait être créé. Je devais m’assurer qu’elle soit au moins capable de cela.
« Tu n’as pas à être aussi nerveuse. Je fus capable de faire cette potion il y a trois ans, le défi ne devrait pas être trop grand. Souviens-t-en, le premier pas, c’est de — »
Un autre mois passa.
« Finalement, nos médicaments ont pu être commercialisé. »
« Félicitation, Maitre. »
Nous nous rassemblâmes autour d’une table sur lequel reposait un sac en cuir. Nous étions captivés. Dans le sac, il y avait l’argent de ce monde, la plus basse dénomination avec la valeur la plus basse — des pièces de cuivre. Les objets les moins chers coutaient quelques pièces de cuivre. Si nous allions faire changer notre argent, nous obtiendrions quelques pièces d’argent, j’estimai.
Père ne cacha pas son mécontentement en entendant que nos médicaments faits-maison étaient vendus sur le marché. La raison étant qu’une personne de la famille d’un Comte ne devrait pas imiter les entreprises vulgaires d’un marchand. Le persuader fut tout particulièrement embêtant. Comparé à la guilde des marchands qui reconnaissait la qualité de mes produits, je pensais que c’était bien plus pénible.
« Cependant, j’ai réussi à m’assurer une source de profit quelques peu passables. »
Quand je reconsidérai les pours et les contres, je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire au coin de la lèvre. Jusqu’alors tous les fonds de mes recherches dépendaient du maigre budget que mon père me donnait, mais puisque je pouvais maintenant vendre mes propres produits, je devrais pouvoir subvenir à mes besoins malgré la petite quantité d’argent. Si la patience de père s’épuisait, et qu’il décidait de retirer le budget de ma recherche d’alchimie, je ne devrais pas avoir de problème maintenant. Je ne pourrais pas éviter une réduction de l’ampleur des recherches mais au moins je pourrais continuer les recherches de mes propres efforts.
« Juste un peu plus d’économie et …… Je devrais pouvoir avancer au prochain stade de mes recherches. »
Un mois plus tard.
« Ngg…… Ngooo…… »
« Maitre, la température corporelle de Numéro 2 augmente. De la transpiration est observée. »
« L’était de la pupille de son œil ? »
« ……Elle se contracte. »
J’écoutai les rapports de Yuni, je commençai à noter toutes les données sur un bout de papier dans mes mains. Au milieu de la salle, il y avait une table d’opération nouvellement achetée. Sur la table se trouvait un homme enchaîné et ballonné. Les fixations en métal qui le retenaient secouaient sans cesse.
Que suis en train de faire ? Comme vous pouvez le voir, une expérimentation humaine.
Afin de matérialiser mon objectif ultime d’immortalité, il était essentiel d’obtenir des données sur la biologie humaine et ses diverses fonctions. Par exemple, les médicaments devaient être testés en avance, et que ce soit administré sur moi ou sur les autres, il était important de déterminer l’efficacité des médicaments.
Auparavant, je fis à Yuni conduire quelques expériences sur les animaux et beaucoup de données en découlèrent, mais pour des procédures médicales plus complexes et compliquées, des données obtenues à partir d’expérimentation humaine étaient fondamentales.
Par conséquent, j’avais acheté l’esclave Numéro 2 (homme, adulte, ancien criminel), et c’était un spécimen très utile. Il avait une carrure solide mais n’avait aucune compétence notoire, expliquant ainsi son bas prix. Il n’avait pas une seule once de pouvoir magique, et donc le sort d’obéissance fonctionnait parfaitement sur lui. Sans oublier qu’il avait la haine contre la noblesse et son attitude envers ceux de la noblesse était le pire. Malgré la prescription de médicaments brutaux et la conduite d’expériences radicaux sur lui, ma conscience ne me pesait pas du tout.
Dans tous les cas, cette série d’expérience était un échec.
« Le médicament de renforcement musculaire dérivé de la Scopolie de Pleine-Lune…… Ma théorie devrait être correcte. Est-ce que le problème réside en sa toxicité insuffisamment diluée ? »
Le sujet était entré dans un état d’excitation anormale, une incapacité de discerner les choses et une nébulosité de conscience furent observées.
J’avais réussis à trouver une prescription d’un texte provenant d’un vieux livre de la librairie, et pus en noter quelques références, j’avais essayé de fabriquer des médicaments. Cependant, après avoir remplacé l’ingrédient principal par une herbe médicinale plus puissante, le médicament ne semblait plus fonctionner.
« Plutôt que de penser à l’efficacité attendue, les risques d’effets secondaires ont trop augmenté. Dois-je réévaluer complètement la fabrication ? »
« Pourtant, en échangeant l’herbe par une autre herbe moins toxique, son coût augmenterait. Dois-je employer des aventuriers pour les collecter à ma place ? Plutôt que de les acheter directement, les engager réduirait le coût. »
Alors que je grognais, Yuni laissa tomber les épaules désespérément.
« …… Je vous prie de me pardonner, Maitre. »
« Hm ? Pourquoi ? »
« Yuni poursuit son entrainement mais je ne suis pas assez bonne pour être utilisée. »
Puis, elle baissa la tête en s’excusant. Oh, elle avait aussi un côté mignon huh ?
« Tu n’as pas à t’en faire. Le programme d’entrainement se raffine et se polie annuellement. Je pense que d’ici cinq ou six ans, tu seras prête au combat. »
« Oui…… »
Je lui affirmai de ma bouche, mais à la vue de son attitude, il semblerait qu’elle s’en souciait encore. Peut-être qu’elle avait peur de la prochaine étape des expérimentations – à savoir les expérimentations humaines utilisant les esclaves. Plus précisément, elle avait peur qu’elle ne soit la prochaine sur la liste.
Néanmoins, le talent de Yuni était rare et ne pouvait être trouvé n’importe où. J’avais fait le tour du marché aux esclaves et je n’avais vu que rarement quelqu’un égalisant avec elle en termes de pouvoir magique. Les esclaves qui avaient de tels pouvoirs magiques possédaient une étiquette de prix très élevée que seuls certains propriétaires terriens ou de petits châteaux pouvaient se permettre d’acheter, et ces esclaves étaient des elfes. Yuni était vraiment un cadeau tombé du ciel.
Par conséquent, « Calme-toi, Yuni. Je ne vais pas tourmenter quelqu’un de ton calibre, parce que ce serait extrêmement insensé. »
J’essayai de parler d’un ton le plus sec possible, et il semblerait que l’angoisse visible sur son visage disparurent quelques peu.
« Oui…… Oui, Maitre…… »
Mais je devais dire que, c’était un signe un peu sinistre. Cette peur semblable à un petit animal farouche et cette bravoure qui faisaient son charme n’étaient pas des sentiments qui pouvaient se développer si on l’avait aimé proprement.
Ces sentiments d’angoisse visibles impliquaient, pour faire court, qu’elle me craignait. Et même si je réussissais par miracle à supprimer cette peur, rien ne me garantissait qu’elle mettrait sa vie en jeu pour moi. Par exemple, si un jour, quelqu’un qui pourrait la protéger, qui pourrait me remplacer, apparaissait…
…… C’était une situation plausible. Après tout, je lui avais en effet dit qu’elle devrait mener à bien des missions dangereuses telles que ramasser des ingrédients nécessaires pour l’alchimie. En fait, elle était surement en courant que je la gardais uniquement dans le but de parfaire mes expériences. Si un jour, l’insatisfaction de Yuni explosait ou si un trouble-fête l’aidait par pitié…… Ils y avaient d’innombrables possibilités quand j’y pensais.
Bien sûr, le sort d’obéissance était encore actif, mais il était impossible de gagner la confiance de quelqu’un via cette méthode. Pour cette raison, j’avais besoin de me rapprocher de son cœur.
J’examinai la possibilité d’utiliser une magie de lavage de cerveau ou de restructuration mais ce genre de choses n’étaient pas de mon niveau pour l’instant. Pour réaliser un tel projet, j’avais besoin de plus de temps. J’avais besoin d’un plan.
« Maitre, que devons-nous faire de Numéro 2 ? »
Sa voix me ramena à la réalité, j’étais perdu dans mes pensées. Je ne dois pas agir de telle façon, broyer du noir de cette façon était une de mes mauvaises habitudes.
« Ahh, pour l’instant, aide moi à lui administrer la quatorzième dose d’antidote. Il reste plein, plein, plein d’expériences à faire avec Numéro 2 après tout. As-tu appris comment faire ? »
« Umm, mixer l’eau, insérer le cathéter dans sa bouche et utiliser la pompe pour verser l’antidote directement dans la gorge … J’ai bon ? … »
« Oui, oui. Sois prudente de pas insérer le tube par erreur dans la voie respiratoire. »
« Est-ce qu’une injection est une mauvaise idée ? »
« Tu sais que nous essayons cliniquement de fortifier les muscles avec des médicaments, non ? Dans cette situation, le gonflement des muscles empêcherait la seringue d’entrer. »
« ……Pardon. »
« Ahahah. Ne stresse pas. Avoir des doutes et poser des questions sont les signes d’un bon assistant. »
Je continuai à la guider. Je prétendis être gentil tout en l’incitant à me faire confiance.
Un autre mois s’écoula.
« Démon ! Vous êtes tous des démons ! »
« Ah—, d’accord, d’accord. Tu es su bruyant, pourrais-tu te taire, Numéro 3. Ah, j’ai refait cette erreur. ‘Ferme-là.’ »
« ——Ughh ! ——— Ughhhh !! »
En infusant de la magie dans mon ordre, la femme esclave fut dépouillée de sa voix rapidement. Le sort d’obéissance était très pratique. Vraiment, je le pensais du fond du cœur, ce silence rendit ma vie toute rose.
Par ailleurs, cette femme était une esclave que j’avais récemment acheté. Les effets principaux et secondaires variaient entre les hommes et les femmes. Avoir juste Numéro 2, qui était un homme, sur la table d’opération, n’était pas assez.
« Yuni. Aide-moi à restreindre Numéro 2-kun. »
« Oui, Maître…… Ungh ! »
Yuni tint l’inconsciente Numéro 2-kun avec les deux bras et l’amena dans une cellule.
La vue d’une enfant portant une adulte par les aisselles était un peu … surréelle. Je savais qu’elle avait consolidé sa musculature et sa force au travers des divers entrainements, mais la voir porter une autre femme qui excédait facilement son poids restait surprenant. Dans mon ancien monde, porter quelqu’un d’inconscient était difficile même pour des adultes. La force musculaire exhibée par Yuni était un attribut couramment vu dans un monde de fantaisie, mais elle restait louable.
« Ah…… Ughh…… »
C’était très léger, mais le gémissement de Numéro 2-kun atteignit mes oreilles.
Il était devenu sensiblement plus faible ces derniers jours. Au moment de son achat, il avait la vigueur d’un ancien criminel, il crachait constamment de la vulgarité et avait même essayé de s’en prendre à Yuni. Son comportement était assez gênant. Au final, je dus réviser son sort d’obéissance de sorte à ce qu’il ne puisse pas faire de mal aux esclaves de son maître. Eh bien, en y repensant, c’était une expérience enrichissante.
Cependant il était devenu relativement silencieux ces derniers temps …… ou plutôt, il prononçait toute sorte de phrases incompréhensibles. Ses capacités de mouvements avaient aussi grandement diminué, si bien qu’il avait besoin de l’aide de quelqu’un d’autre pour pouvoir bouger normalement. Mais malgré tout, grâce aux effets de l’expérimentation musculaire, son corps était costaud, provoquant une étrange disparité.
On dirait qu’on s’approchait des limites, pour cet homme.
Il devrait bientôt mourir. Par notre expérimentation. Il était peut-être un ancien criminel, mais on était sur le point de tuer un être humain à part entière.
Non, actuellement, les états mentaux et physiques de Numéro 2-kun avaient déjà atteint leurs limites. Il n’y avait aucun espoir pour lui de retourner à une vie ordinaire ou même de conserver sa précédente personnalité même si on le relâchait de nos expériences. Numéro 3-san que j’avais fait taire quelques secondes plus tôt souffrirait probablement du même sort.
Cependant, mon cœur était étonnement imperturbé par ces événements. Bien que mes expériences soient cruelles et perverses. Peu importe si les lois de ce pays permettaient aux propriétaires de faire ce qu’ils voulaient de leurs esclaves, en tant qu’être humain moi-même, ma conscience devrait culpabiliser un peu ?
En réponse à ma question rhétorique, quelque chose au fond de moi ricana. —— Et alors ? Dit-il.
Mon but était de devenir immortel. Je l’avais senti avant de me réincarner, la sensation mourante d’avoir vos racines, vos branches et tout votre être volés sous vos yeux, de finir dans le néant. Afin d’échapper à ce destin, je ferais tout ce qui était en mon pouvoir. C’était aussi la raison pour laquelle je pouvais me dévouer à l’alchimie. C’était la raison pour laquelle je devais mener d’innombrables expériences. Combien de personnes mourraient à cause de mes desseins, je m’en fichais tant que je pouvais échapper à la mort. N’était-ce pas la chose la plus importante ? Le serpent qui tourmentait mon esprit se tordit et me siffla de douces paroles.
« Le déplacement de Numéro 2 est fini. »
Le rapport de Yuni brisa mon train de pensées.
« Bon travail, Yuni. Hmm, nous aurons un autre encas de minuit aujourd’hui. »
« ! »
En entendant de tels mots, les yeux de Yuni brillèrent faiblement. Le changement d’expression était rare, mais au moins de telles réactions me prouvaient qu’elle n’était pas dénuée d’émotions. Et pour cette même raison, même si elle était infime, il y avait une chance de trahison.
Ceux qui la retenaient étaient le sort d’obéissance, la dette d’avoir sauvé sa vie et aussi la peur envers moi. Ainsi, je dus m’assurer de lui lancer des sucreries. Littéralement des sucreries.
En ce qui concernait le sucre dans mon ancien monde, les humains savaient déjà comment en fabriquer avant l’époque moderne. Elle existait dans ce continent aussi, mais la production était tierce et son prix était élevé.
Mais, j’étais un alchimiste. Tant que j’avais l’équipement adéquat et qu’il y avait de la sève d’érable dans les bois environnants, je pouvais créer assez de sucre pour subvenir aux besoins d’une famille entière. Même si obtenir un revenu mensuel stable avec cette technique était difficile, elle me permettait au moins d’avoir de l’argent de poche.
Et cerise sur le gâteau, l’époque de ce monde était similaire au Moyen Age, et la gastronomie était largement sous-développée. En prenant avantage de ce fait, bien que dans mon ancien monde, je n’étais pas un pâtissier, je pouvais au moins cuisiner quelques sucreries. On dirait un code-triche.
Et c’était bien connu que les enfants avaient un petit faible pour la nourriture sucrée. Une faiblesse incontrôlable. C’était une époque où les divertissements étaient peu nombreux, il n’y avait aucun moyen de se distraire ou de libérer le stress. De plus les esclaves étaient omniprésents dans ce monde. Que se passerait-il si ces sucreries luxueuses convenaient au palais des aristocrates ? Naturellement, ce serait comme un rêve. »
« Aujourd’hui…… Que devrions-nous faire, peut-être des donuts ? »
« ……Quel genre de nourriture est-ce ? »
« Pour faire simple, c’est une pâtisserie réalisée en faisant frire la pâte crue, puis on recouvre la pâte de sucre. Ah, ça me rappelle, nous avons réussi à cultiver la levure il n’y a pas longtemps. Si nous en ajoutons avant de le faire frire, le donut sera tout moelleux —— »
Elle garda un visage impassible le long de mon explication mais je pus entendre le son de la salive ravalée. Une fille honnête. Pour gagner la confiance de quelqu’un, plutôt que prendre une épée, avoir un contrôle sur son estomac était plus facile. Et en même temps, si le goût de la nourriture convenait, il n’y avait rien de plus à dire.
…… Cependant, je manquais encore de quelque chose. Afin de m’assurer qu’elle ne me trahirait pas, je devais la rendre encore plus dépendante de moi. Je devais la discipliner plus précisément. En prenant du recul sur l’histoire, beaucoup de personnes avaient choisi de se rebeller après avoir été sauvées. Attachées par les chaines de la peur, elles ne pouvaient pas rester loyales, et ce même si leur désir était accompli ou qu’on leur donnait de l’amour.
NOTE :
- L’Impératrice Lu Zhi fit tuer la concubine favorite de l’empereur défunt, Dame Qi, d’une façon cruelle, ainsi que le fils de cette dernière, le prince Ruyi. Elle déchiqueta les membres de Dame Qi, sortit ses yeux de ses orbites, coupa son oreille et la força à boire un poison qui la rendrait muette, puis elle fut jetée dans une latrine. L’empereur Han Huidi en fut profondément choqué et chercha ensuite à éviter sa mère.
Lü Zhi centralisa le pouvoir entre ses mains en s’appuyant sur les gens de son clan, allant même jusqu’à choisir pour impératrice la fille de sa fille, donc la propre nièce de l’empereur, qui n’avait que 10 ans.
Après la mort de son fils, elle plaça successivement sur le trône deux empereurs en bas âge pour continuer à exercer un pouvoir sans partage. - Wu Zetian était une femme d’une beauté incroyable et au tempérament d’acier ; une anecdote bien connue raconte que l’empereur Taizong avait un cheval appelé « Lion » tant il était sauvage et que personne n’arrivait à le contrôler ; la belle Wu se proposa de dominer la bête si on lui donnait trois choses : un fouet de fer, un marteau de fer et une dague. D’abord, elle aurait fouetté le cheval, puis s’il refusait toujours d’obéir, elle se proposait de le frapper avec le marteau et s’il se montrait toujours rebelle de lui trancher la gorge. Voici comment son ennemi politique, le poète Lo-Ping Wang la décrit : « Des sourcils arqués comme des antennes de papillonNe consentant pas à céder aux autres femmes.Cachée derrière sa manche, elle s’applique à calomnier.Son charme de renarde a le pouvoir particulier d’ensorceler le maître. » Son ascension vers le trône sur un chemin d’intrigues constellé de sang, et son règne marqué par la terreur et de nombreux outrages à la tradition furent l’objet de critiques virulentes des historiens confucianistes, mais certains aspects en ont été réévalués à partir des années 1950, notamment par les historiens communistes.
…
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