Chapitre 168 : « Bataille Nocturne » dans le Col de Montagne (1)
La conférence ne dura pas longtemps. Quand le petit discours de Sheng Lingxin fut terminé, dix officiers entrèrent. Il s’agissait des dix commandants des bataillons d’infanterie et chacun d’entre eux mena une escouade jusqu’au camp. Ils n’allaient pas perdre de temps vu que les nouveaux étaient arrivés.
Les yeux fixés sur Long Hao Chen, Cai’er partit avec la première Escouade de Chasse aux Démons de rang soldat. Lan Yanyu, dominée par ses émotions, tenta de se lever pour la suivre mais fut arrêtée par Sheng Lingxin. Ce dernier secoua la tête avec un visage sérieux et et les magnifiques yeux de Lan Yanyu s’humidifièrent immédiatement.
Le groupe de Long Hao Chen fut affecté au premier bataillon d’infanterie. Le commandant de ce bataillon était un homme d’âge moyen qui ressemblait vaguement à Gao Yingjie.
« Vous faites tous partie de l’élite de l’Alliance. Je suis profondément honoré par le fait que vous avez, ne serait-ce que temporairement, rejoint mon bataillon. Je suis le commandant du premier bataillon, Zhang Hairong. » se présenta-t-il tout en les menant jusqu’au campement.
Tout naturellement, la responsabilité de l’interaction sociale tomba sur Long Hao Chen. Il rit doucement et dit, « Commandant de Bataillon Zhang, vous êtes trop modeste. Les soldats de la Cité Exorciste sont tous des héros qui gardent la nation et il est plus exact de dire que c’est un honneur pour nous de pouvoir entrer dans le Premier Bataillon. À partir de maintenant nous serons un groupe de soldats sous votre commandement. En tant que représentant de la Première Escouade de Chasse aux Démons, je vous garantit que, bien que nous ne soyons pas des soldats, nous obéiront strictement à tous vos ordres. »
En entendant la déclaration de Long Hao Chen, Zhang Harong se sentit soulagé. Il ne s’attendait pas à ce que cet adolescent agisse aussi poliment.
Les Escouades de Chasse aux Démons étaient quelque chose que tous les soldats de l’Alliance des Temples rêvaient de rejoindre mais Zhang Hairong n’était pas si intéressé que ça par le fait d’en ajouter temporairement une à ses troupes. Même si ces jeunes fiers et et talentueux avaient tous au moins atteint le quatrième grade de cultivation, obéiraient-ils vraiment aux ordres ?
En fait, Zhang Hairong n’était lui-même qu’un simple guerrier au quatrième grade. Si jamais ces jeunes talents n’écoutaient pas ses ordres sur le champ de bataille et commençaient à agir de leur propre volonté, non seulement ils ne seraient que très peu utiles mais cela leur amènerait également beaucoup d’ennuis.
Bien que Sheng Lingxin ait dit que ces jeunes élites devaient être traités comme des soldats ordinaires, pouvaient-ils vraiment agir ainsi ? Chacune de ces escouades était composée des favoris de l’Alliance et si jamais il leur arrivait du mal, ils ne pourraient peut-être pas en assumer les conséquences. En outre, Sheng Lingxin avait dit en privé aux commandants il y a quelques temps que quelles que soient les circonstances, leur première priorité était de garantir la sécurité de ces jeunes talents.
Quand Zhang Hairong avait vu le groupe qui formait la première escouade de rang soldat pour la première fois, il s’était senti encore plus déçu. Parmi eux, en dehors du chauve qui semblait être un peu plus vieux, on aurait dit qu’aucun d’entre eux n’avait plus de vingt ans. Et les plus jeunes ne devaient même pas en avoir dix-huit ! Seuls les cieux savaient comment ils avaient pu rejoindre une Escouade de Chasse aux Démons. Avoir ce privilège à un aussi jeune âge n’était pas nécessairement une bonne chose : ils seraient probablement très arrogants.
Mais alors qu’il s’inquiétait de ça, les paroles de Lon Hao Chen firent s’évaporer ces inquiétudes, ce malaise, comme une tasse de thé chaud.
Pour un soldat, le plus important était d’écouter les ordres de son supérieur. Les paroles du jeune capitaine Long Hao Chen étaient non seulement formulés poliment mas avaient aussi fait disparaître l’inquiétude qu’il ressentait. Zhang Hairong se sentit immédiatement à l’aise et, en même temps, le félicita intérieurement, Il est en effet digne d’être appelé un jeune talent ! Quelle conscience exceptionnelle !
Évidement, Long Hao Chen n’avait pas imaginé ce discours tout seul. La veille, l’avait averti encore et encore sur comment agir au moment de rentrer dans l’armée et, dans le même temps, lui avait expliqué quels étaient les devoirs les plus importants d’un soldat. Mais même sans les avertissements répétés de Gao Yingjie, Long Hao Chen se serait quand même comporté correctement. Avec sa déclaration, il sera très certainement plus facile pour cette nouvelle équipe de se mêler aux
Zhang Hairong éclata de rire et répondit, « Capitaine Long, vous êtes trop modeste. Avec un veil homme vulgaire tel que moi, la politesse n’est pas nécessaire. À partir de maintenant, votre groupe agira comme de nouveaux soldats. Votre devoir sera de me suivre à l’assaut de l’ennemi. »
Sima Xian ne put s’empêcher de demander’ « Commandant, est-ce que nous nous battrons en première ligne avec vous ? »
Zhang Hairong se redressa, serra le poing et le plaça sur son torse, « Tu as raison de poser cette question. Le bataillon sous mon commandement ne contient aucun lâche. Mes frères jurés et moi mettront nos vies en jeu avec les vôtres, nous agirons comme un soldat doit le faire. Rassurez-vous, à mes côtés vous vous battrez toujours en première ligne, contre les démons les plus puissants. »
À ce stade tous ressentirent un profond respect pour cet homme. Ce que sous-entendait Zhang Hairong était très clair. Au combat, il serait au front. Si le commandant du bataillon, celui qui commandait mille soldats, attaquait l’ennemi le premier, comment les officiers et les soldats pourraient-ils ne pas le suivre ?
« Oui. » Long Hao Chen salua l’homme. Dans l’armée, un salut n’était pas une manière très commune pour montrer du respect. Bien sûr, un salut de chevalier était encore plus inhabituel.
Les bataillons d’infanterie étaient situés près de la ville. Avec la menace importante qu’étaient les démons, la force militaire devait être robuste. Si jamais un combat avait lieu juste devant les civils, ils n’auraient aucune chance de survie. Ainsi, et ce depuis très longtemps, les humains attachaient une grande importance aux défenses, et la partie la plus importante de ces défenses était bien entendu l’infanterie.
Zhang Hairong les assigna à des quartiers d’une taille convenant à dix personnes, bien que le fait que les garçons et les filles devaient y vivre ensemble semblait un peu indécent. Comme les Escouades de Chasse aux Démons faisaient la distinction entre les genres, on ne leur donna pas l’équipement standard mais tous reçurent un change d’habits militaires propres.
Il n’y avait pas d’uniformes féminins mais cela ne dérangea pas Wang Yuanyuan, qui avait une constitution robuste égalant celle d’un homme. Cependant, les uniformes étaient trop larges pour Cai’er et Chen Ying’er et quand elles les enfilèrent, tous eurent beaucoup de mal à se retenir de rire.
À cet instant, Chen Ying’er révéla un autre côté de sa personnalité. En effet, elle avait emmené avec elle des aiguilles et du fil et elle retailla donc son uniforme et celui de Cai’er avant de les recoudre. Au bout d’à peine une demi-heure de travail, les habits des deux filles leur allait parfaitement.
« Je ne m’attendais pas à ce que tu aies un tel atout dans ta manche, Ying’er. Pas étonnant que Yang Wenzhao fasse aussi attention à toi. » dit Lin Xin avec une certaine surprise.
Chen Ying’er déclara avec fierté, « Il est temps d’arrêter de parler de ça. Ne m’associez pas avec ce Yang Wenzhao, je ne suis pas d’humeur à entendre son nom. »
Lin Xin rit légèrement et dit à son tour, « D’accord, d’accord, je ne vais pas creuser cette question. Venez, c’est l’heure des pilules, des pilules. » Tandis qu’il parlait, plusieurs bouteilles de porcelaine apparurent dans sa main. Cela faisait deux bouteilles par personne.
Sima Xian leva le pouce dans sa direction, « Ce « grand frère a des pilules » n’était vraiment pas une exagération, c’est impressionnant. De quoi est-ce qu’il s’agit cette fois ? »
Lin Xin rit de nouveau et déclara, « Dans les bouteilles blanches il y a des Pilules de Restauration Spirituelle, encore une fois c’est le nom que leur a donné Long Hao Chen. Dans les bouteilles jaunes, ce sont des Pilules d’Énergie. Les Pilules de Restauration Spirituelle redonnent 200 unités d’énergie spirituelle très rapidement, de cinq à dix secondes. La vitesse de récupération n’est pas la même pour tout le monde donc calculez-la vous-mêmes la première fois que vous en prendrez une. Quant à la Pilule d’Énergie, elle peut augmenter votre énergie spirituelle externe de 500 unités et l’effet durera le temps de vingt respirations. Maintenant que je les ai améliorées, leur effet est encore meilleur ! Dommage que je n’ai pas les matériaux pour des Pilules d’Éclatement Spirituel, sinon j’en aurais fait plus pour vous. »
Long Hao Chen lui dit, « Tu m’as déjà donné des Pilules d’Éclatement Spirituel la dernière fois donc je n’ai pas besoin d’en avoir d’autres. Il m’en reste encore dix, répartissons-les entre nous. Cela augmentera légèrement nos chances de survie. »
Cependant, cette fois, Lin Xin avait dépensé une grande partie de ses économies durement acquises. Il y avait au total trente Pilules de Restauration Spirituelle et d’Énergie. En y ajoutant les Pilules d’Éclatement Spirituel que Long Hao Chen avait partagé avec ses coéquipiers, les autres nouvelles Escouades de Chasse aux Démons ne pouvaient en aucun cas se comparer à eux en termes de qualité des équipements supplémentaires.
Han Yu eut un petit rire, « Qui a dit que ne pas avoir de prêtre causerait un problème ? Un alchimiste comme Frère Lin est bien plus utile qu’un prêtre. »
Lin Xin grimaça, « Grand frère a des pilules ! Ce ne sont pas des paroles en l’air. Frère Han, je compte sur toi pour surveiller mes arrières. Ne laisse pas les démons m’approcher par derrière et m’éclater le chrysanthème » (Tr : c’est un terme d’argot pour « anus », la réplique suivante est donc ironique)
Wang Yuanyuan écarquilla les yeux, « Frère-a-des-pilules, tes paroles sont tellement civilisées ! »
« Bon, bon. » Lin Xin se leva et s’étira, « Je vais aller laver mon magnifique visage. Hé, à chaque fois que j’ai besoin de trouver quelqu’un à admirer, j’ai juste à me regarder dans le miroir. »
« Bouh, tu n’as vraiment aucune honte. » Wang Yuanyuan était très amusée par ce qu’il disait.
Leurs quartiers étaient construits de façon très ordinaire. Il y avait dix lits et des placards très simples à côté de chacun d’entre eux. Les hommes allaient sans aucun doute aller d’un côté et les femmes de l’autre. Bien que Wang Yuanyuan et Chen Ying’er ne soient pas ravies de devoir partager une chambre, elles allaient devoir le supporter calmement car cela ne serait que pour trois mois.
Alors qu’ils étaient en train de préparer leurs lits, tous assistèrent à une scène stupéfiante.
Cai’er avait posé sa canne en bambou puis poussé son lit jusqu’à celui de Long Hao Chen. Bien qu’elle soit aveugle, les deux lits étaient parfaitement alignés l’un à côté de l’autre.
Tcheh…Faire « ça » devant autant de personnes…C’est beaucoup trop éhonté.
Même si Long Hao Chen aimait profondément Cai’er, il fut embarrassé par cette situation et rougit, incapable de savoir comment il devrait agir dans ce genre de situations.
Sima Xian reqarda Han Yu et lui murmura, « Impossible. Le capitaine et la vice-capitaine ne vont quand même pas faire ça en public cette nuit ? »
Cai’er posa la main sur le lit qu’elle avait déplacé et, après avoir réfléchi intensément pendant un moment, alla se placer devant un autre lit. Elle bougea sa canne en bambou, il y eut un éclair et le lit en bois se transforma en planches. D’un mouvement de canne, ces planches se regroupèrent.
Une fois de plus, la vitesse de Cai’er époustoufla ceux qui la virent agir. Ils n’aperçurent qu’un scintillement et une image rémanente avant que les les planches ne se mettent à encercler les deux lits collés.
Le sol de la salle n’était pas si résistant mais elle en produit également une planche de deux mètres de long et soixante-dix centimètres de large, à la grande surprise de tous. En outre, elle était coupée très nettement comme une oeuvre d’art sortie des mains d’un artisan. Pour accomplir un tel exploit sans utiliser ses yeux, à quel point est-ce que sa perception était aiguisée ?
Cài’er était désormais en train de porter les draps du lit qu’elle avait détruit.
Ayant déjà compris ce qu’elle avait l’intention de faire, Long Hao Chen dit précipitamment, « Laisse-moi t’aider. »
Cai’er secoua la tête et répondit, « Je peux m’occuper de ça moi-même. »
Merci pour le chapitre.
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